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oza nous émeuvent profondément parce que la situation des Vénèdes n’est pas sans analogie avec la nôtre : les dialogues entre Gwinona, la terrible Scandinave qui fait marcher comme une toupie son bonhomme de mari, Lech, héros de la trempe de Sobieski, héros partout excepté devant sa femme, et les victimes de sa férocité, le vieux roi Derwid surtout, — nous touchent profondément parce que nous compatissons toujours au malheur et au malheur supporté avec héroïsme ; nous sommes surtout sympathiques à la poésie qui se détache du rôle de Lilla, cet ange de pureté qui traverse les horreurs du drame en y laissant une traînée de lumière ; nous rions des naïves prédications du bon saint Gwalbert et des boutades poltronnes et égoïstes de son serviteur Slaz : mais, malgré toutes ses beautés de détail, l’œuvre dans son ensemble nous parait pins étrange que vraie, un peu heurtée et incohérente, inférieure comme composition et comme exécution à Balladyna, bien que trahissant encore un génie dramatique de premier ordre.

Nul doute, en effet, que Slowacki ne fût admirablement doué pour le théâtre : dès ses premiers essais Mendog et Marie Stuart, le second surtout, cela est évident ; le troisième acte de Kordian