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ne s’en retourne pas seul, congédié par Eloa. Anhelli a eu un fils, et cet enfant, pâle, triste, mais énergique, a grandi sous la garde de l’ange du souvenir, a été nourri dans l’amour de la patrie absente, et lorsque apparaît le cavalier, il s’élance des bras de l’ange, saute en croupe du vengeur, du libérateur et court avec lui à la lutte et au triomphe. Mais cette suite, cette fin du poème, si Slowacki ne l’a pas entrevue ou n’a pas voulu la chanter, c’est à nous de la réaliser non plus dans les paroles mais dans les actes. C’est nous tous qui sommes les fils d’Anhelli. Oui, nous et nos enfants, qui, ne l’oublions pas, devront nous continuer, comme nous devons, nous, continuer nos pères.

Il est inutile d’insister sur Anhelli : ses détracteurs n’ont pour eux qu’une circonstance atténuante, que je m’empresse de leur accorder, c’est que, n’ayant encore rien lu de ce genre, ils étaient dépaysés, et que ne pouvant prévoir ce que serait leur avenir, ils ne pouvaient comprendre toute la portée de ce tableau. C’est encore une page d’histoire, comme Kordian ; on pourrait intituler l’une Avant l’insurrection, l’autre Après l’insurrection, elles sont aussi vraies l’une que l’autre, mais la seconde est plus réelle, plus navrante et plus