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chevaliers de même taille dans la même armure, marchant poitrine contre poitrine et allant combattre l’ennemi…. comme deux prières émanées d’une même pensée se noyant dans le sein de Dieu ; comme deux essaims d’abeilles que le villageois enferme dans une même ruche… — En ce temps-là, les superbes Titans du Midi se révoltèrent contre Dieu, les rois et l’esclavage. Dieu ne fit que sourire sur son trône de saphir ; mais les rois tombèrent comme les branches sous la hache ; la guillotine, vêtue de lambeaux de crêpe, agitait infatigablement son bras d’acier, et à chaque geste qu’elle faisait, la foule diminuait d’une tête. Tous les rois purent la voir, car cette guillotine était la tragédie du peuple, et les rois étaient spectateurs. Aussi ils crièrent vengeance ! Une femme, à la fois Izar et courtisane, Catherine, tenait fixé sur nous son regard assassin ; elle nous jugea dignes de la couronne du martyre et inventa pour nous un martyre nouveau… Ramassant le crâne tombé du cadavre, des Bourbons, elle mit cette tête sanglante et pâle sur les épaules de son amant et nous donna pour roi cet homme à tête de mort. Puis elle lui vola sous les yeux son héritage mortuaire sans qu’il remuât la main… Le crêpe manquait pour le linceul de notre mère ; on le coupa en trois. Et, aujourd’hui, demandez à l’oiseau qui revient de Sibérie combien de citoyens gémissent dans