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Mickiewicz : « Cette poésie est un beau temple où il n’y a pas de Dieu. » D’où vient l’indifférence du public ? Et que veut dire l’appréciation de Mickiewicz, si toutefois elle est autre chose que l’expression dédaigneuse d’un parti pris personnel ? Ce sont les deux questions qu’il convient d’examiner en peu de mots.

Et d’abord l’indifférence du public ? Le poète a vingt-quatre ans. Sans doute, à cet âge, d’autres sont déjà parvenus à la célébrité. Victor Hugo, Mickiewicz, Goszczynski et Zaleski en sont la preuve. Mais peut-être n’est-il pas bien difficile de comprendre d’où vient cette différence, à supposer, ce qui n’est pas, que Slowacki ait déjà produit des chefs-d’œuvre de premier ordre.

Il est des époques dans la vie des nations où l’intelligence, fatiguée, surmenée, épuisée d’un côté par des secousses politiques, de l’autre par la production stérile d’imitations pâles et sans vie d’un genre qui ne correspond plus à ses aspirations, éprouve comme un grand vide, comme un besoin absolu d’une nourriture nouvelle, comme… je dirais presque un appétit intellectuel fiévreux et maladif. Elle regarde autour d’elle ; elle attend inquiète et épie l’horizon. Quel sera celui qui comprendra ce qu’elle réclame, qui lui