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À tous deux si poignant, si terrible et si fort,
Si déchirant, si plein du sanglot de la mort,
Et si profondément sorti de tout son être,
Si clair et si distinct, si maudit et si traître,
Qu’une dernière fois, voulant encor le voir,
Nous courûmes à lui, sans force et sans espoir.

Tu ne nous trompas point, pressentiment funeste !
Il mourut à son tour, enlevé par la peste.
Son corps alla grossir mon lugubre charnier.
Il mourut, — mon plus cher enfant ! — et mon dernier !
Elle me l’a ravi, la mort impitoyable ;
Il ne reviendra plus ! — O père inconsolable !
Tu ne le verras pas grandir dans ta maison :
Il ne reviendra plus — ô malédiction !

Les étoiles brillaient au ciel la nuit suivante.
Tous deux, ma femme et moi, nous étions sous la tente.
Sous nos yeux de l’enfant le corps était placé
Par le froid de la mort immobile et glacé,
Et je me dis alors, en déplorant sa perte :
Oh ! s’il pouvait rester avec nous, même inerte
Et froid ! — Si pour toujours nos yeux pouvaient le voir !
Cela seul calmerait un peu mon désespoir.