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La nuit vint, — nuit terrible, obscure et funéraire,
Et qu’illuminaient seuls les éclats du tonnerre.
Je vois encor ces feux, j’entends encor ce bruit ;
J’entends ces flots pressés venant, hacher la tente,
Qui s’étend et tout bas murmure et se lamente ;
Je la vois chanceler, s’ébranler dans la nuit,
Sous les foudres du ciel s’éclairer tout entière,
Vrai tombeau de damné, fait d’ombre et de lumière.
Il me semblait, parmi ces fracas éclatants,
Distinguer au dehors la voix de mes enfants
Et leurs gémissements d’angoisse et d’épouvante.
Je tendis mon regard, mon oreille et mon cœur,
Et je me demandais, frissonnant de terreur,
Comment mes morts passaient cette nuit effrayante.

Tout à coup, — pourquoi donc en traître, à pas de loup,
Sous ma tente la mort entra-t-elle à cette heure ?
Les foudres succédaient aux foudres ; — tout à coup,
Tout bas dans son berceau j’entends l’enfant qui pleure.
Et si terrible était le son de cette voix
Que sa mère, que moi, tous les deux à la fois
Nous courûmes d’un bond vers notre petit ange.
Son cri, si faible, hélas ! nous parut (chose étrange !)