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Qui de mes trois enfants avait vu les tortures,
lime semblait si gris de brume et de vapeur,
Il me semblait si plein d’exhalaisons impures,
Que je me demandais si le Dieu créateur,
Caché dans ce nuage, entendrait ma prière.

Il s’écoula dix jours, avec quelle lenteur !
Tous mes autres enfants vivaient. Leur pauvre mère
Dans son cœur plus léger assoupit son chagrin ;
Et même mon dernier petit, mon chérubin
Vivait, — ne voulant pas se flétrir avant Page.
Je commençai moi-même à reprendre courage,
Car je ne croyais pas que, m’en ayant pris trois,
Dieu voulût m’enlever tous les miens à la fois !

Aussi ce fut un jour d’infernale torture,
Quand, de mon jeune fils regardant la figure,
J’y vis soudain la mort. Moi qui le soignais tant !
Ce n’était tout d’abord qu’un signe imperceptible ;
Nul ne l’eût deviné, — je le vis à l’instant.
Alors recommença pour moi cette heure horrible
Où j’avais vu mourir mon premier-né. Grand Dieu !
D’abord pâle, il devint rouge comme le feu,
Puis noir comme le fer… A cette horrible vue
Je m’écriai tout haut : « La mort est revenue ! »