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L’une à côté de l’autre, Amine avec Hafné
Succombèrent aussi dans cette nuit terrible.
Et voyez ! cette mort dut être bien paisible,
Car après le trépas cruel de mon aîné,
Je restai jusqu’au jour en proie à l’insomnie,
Et je n’entendis pas leurs râles d’agonie.
Et leur mère non plus n’entendit aucun bruit,
Elle qui, je le sais, pleura toute la nuit.
Le matin, toutes deux, couleur de fer, livides,
La peste les tenait dans ses serres avides.
Je les fis par la garde emmener à leur tour ;
Elles nous ont quittés, hélas ! et sans retour…
Pour la dernière fois je les vis à cette heure
De leurs longs cheveux noirs balayer ma demeure.

Dans le ciel azuré regardez ce soleil :
Toujours sur ces palmiers il brille à son réveil ;
H se couche toujours là-bas vers le rivage ;
Ce ciel pur n’est jamais terni d’un seul nuage.
Et je croyais alors, moi, je ne sais pourquoi,
Que ce soleil était sans rayons d’or ; pour moi
Il ne ressemblait plus au soleil de la veille :
Ce n’était plus qu’une ombre aux fantômes pareille.
Et le ciel, ce témoin muet de mon malheur,