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Je vois ses grands yeux bleus aux flammes attendries
Qui plaignent ma douleur et voudraient l’apaiser ;
Je vois ses lèvres, qui m’apportent un baiser,
Et je tremble, — et je sens mes larmes mal taries
Qui coulent… et le feu qui revient m’embraser.
Et je ne sais où fuir. — Et j’erre inconsolable ;
Et pâle je m’arrête et je trace ses traits,
Ou parfois c’est son nom que j’écris sur le sable ;
Ou je parcours les champs de roses, de cyprès
Comme un homme qui perd sa plus chère richesse
Et qui va, hors de lui, s’asseoir plein de tristesse
Où les urnes d’airain pleurent sur un cercueil,
Pensant que les tombeaux consoleront son deuil.


XIX

Là-bas, sous ma fenêtre, il est une fontaine
Qui sans cesse gémit d’un murmure éploré ;
Il est un arbre vert, où, chœur désespéré,
Pleurent les rossignols ; une vitre, où la reine
Des nuits vient refléter sa lumière sereine
Et couronner mon front de ses tristes lueurs.
Et je suis réveillé la nuit, baigné de pleurs,
Par l’arbre, par la lune et la triste fontaine,