Page:Gasztowtt - Le Poète polonais Jules Slowacki, 1881.djvu/120

Cette page n’a pas encore été corrigée


XII

En la voyant ainsi, je voulus me défendre
Et je dis : « Aussi vrai que le ciel doit m’entendre,
» Tu peux me pardonner, enfant, du fond du cœur.
» Un lys seul a tout fait, le coupable est sa fleur.
» Hier dans cette source au verdoyant rivage
» Tu lavais ton cou blanc et ton brillant visage,
» Et dans le pré, debout, derrière toi, tout près,
» Ainsi qu’une suivante attendant tout exprès,
» La fleur blanche du lys, immobile, ingénue,
» Attendait que du bain tu fusses revenue.
» Et lorsque je vous vis si blanches toutes deux,
» Je crus que je rêvais aux séraphins des cieux.
» Je tremblai tout entier… alors ma main tremblante
» Effleura d’un buisson la feuille étincelante.
» Cette feuille agita tout le vert arbrisseau,
» Un murmure se fit, tu sortis du ruisseau,
» Et tu courais si vite en ton soudain vertige,
» Que ton sein vint heurter cette fleur en son vol ;
» Et du lys aussitôt ce choc brisa la tige,
» Et sa fleur en tombant s’effeuilla sur le sol.