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L’amour m’enveloppa d’un souffle harmonieux
Je m’approchai vers elle et je baissai les yeux.


III

À travers les vallons, conduit par sa main blanche,
J’allai l’accompagnant au bas de l’avalanche,
Où jusqu’aux pieds de l’homme en un gouffre béant
La neige vient tomber comme un dauphin géant.
Ses naseaux argentés lancent delà fumée
Et le Rhône s’enfuit de sa gorge azurée.
  Il m’en souvient. C’était un matin. Vrais enfants,
Nous fîmes en causant lever deux jeunes faons ;
Et, du bonheur humain comme ayant conscience,
Ils vinrent près de nous, tout dorés, en silence ;
Et noyèrent tous deux les éclairs de leurs yeux,
Ô reine de mon cœur, au fond de vos yeux bleus.
Elles restaient ainsi, les deux bêtes peureuses,
L’une à l’autre appuyant leurs têtes vaporeuses.
Et je lui dis : « De vous elles sont amoureuses. »
Je dis, et de sa bouche à peine s’entr’ouvrant
Arriva jusqu’à moi son sourire enivrant,
Qui, transfuge envolé de ses lèvres mi-closes,
Revint vite à son nid de perles et de roses,
Et, se sentant suivi par mon regard tremblant,