Page:Gasztowtt - Le Poète polonais Jules Slowacki, 1881.djvu/109

Cette page n’a pas encore été corrigée


EN SUISSE


(Traduction dédiée à mon ami A. H. Kowalski.)



 
I

Depuis qu’elle m’a fui comme un songe doré
De deuil et de chagrin je me sens dévoré ;
Et je ne sais pourquoi de sa cendre mortelle
Mon âme ne veut pas s’élancer auprès d’elle,
Et, des anges fendant les chœurs harmonieux,
Rejoindre dans le ciel mon ange au milieu d’eux.


II

Il est une cascade au sein des monts de Suisse,
D’où l’Aar aux flots bleus tombe en un précipice.
Je veux revoir encor son torrent écumeux.
Vois-tu cet arc-en-ciel sur ce ravin brumeux ?
Aux brouillards argentés il suspend sa lumière,
Jamais il ne s’éteint, jamais il ne s’altère ;
Quelquefois seulement on voit un blanc agneau,
Traversant l’arc-en-ciel, aller dans la vallée