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Car je suis d’un pays où, vite abandonnée,
L’espérance est un rêve, un fantôme banal.
Non, mon coursier ne peut avoir peur d’aucun autre
Que du vaste tombeau qui rappelle le nôtre.


XII

Aux Thermopyles, moi ! — Des trois cents patriotes
La sainte légion pourrait bien m’en chasser.
Hélas ! ces grands tombeaux, dans mon pays d’ilotes
Le désespoir encor n’a pas su les creuser.
Dans mon pays toujours après chaque tourmente
De nos guerriers il reste une moitié vivante.


XIII

Aux Thermopyles ! Non, je n’ai pas le courage
D’arrêter mon cheval où gisent ces grands morts
Ils me regarderaient avec un tel visage
Que mon cœur saignerait de honte et de remords.
Mais de la Grèce on voit là-bas l’ombre hautaine :
Et j’irais l’affronter, et lui montrer ma chaîne !


XIV

Aux Thermopyles ? Mais, que pourrais-je répondre,
Si, sortant du tombeau, criblés de mille coups,