Monkshaven on n’est pas si avancé… Mariez-vous à la ville, Sylvia, et dans une grande ville, croyez-m’en !… Je me sens ici comme enterrée, au sortir de cette grande rue où je vois passer tant de voitures… J’ai bien envie, savez-vous ? de vous emmener toutes deux, mes fillettes, pour vous montrer comment va le monde… »
Le haut patronage de Molly ne plaisant que médiocrement à Sylvia :
« Je ne tiens pas, répliqua-t-elle, à tout le tapage dont vous parlez. Il empêche de s’entendre quand on veut causer ; ma mère, d’ailleurs, ne saurait se passer de moi.
— Comment fera-t-elle quand tu te marieras ? reprit Molly, raillant toujours.
— Je ne me marie pas encore, répliqua Sylvia, et je tâcherais, si cela se faisait, de ne pas m’éloigner de ma mère… »
Bessy, voyant l’air contrarié de Sylvia, essaya de rompre les chiens : « Tu as là un joli ruban, lui dit-elle ; j’en voudrais un du même dessin… En restait-il, là où tu l’as acheté ?
— Je l’ignore, répondit Sylvia. Il vient de chez les Foster, et vous pouvez vous en informer.
— Combien coûte-t-il ? dit Bessy, qui en avait pris un bout pour l’examiner de plus près.
— Je ne sais, répliqua Sylvia ; on me l’a donné.
— Oui-da, ma petite, et qui donc ? demanda Molly dont aucune délicatesse ne gênait la curiosité toujours en éveil.
— Mon cousin Philip, le commis de chez Foster, répondit innocemment Sylvia, sans se douter de la prise qu’elle offrait aux impitoyables taquineries de son ancienne compagne.
— Ah, vraiment ? reprit cette dernière, nous avons donc un cousin Philip ?… Et celui-là, n’est-il pas vrai, n’habite pas très loin de chez notre mère ?… C’est bon,