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avoir perdu la respiration. Ses joues étaient pourpres et ses yeux étincelaient.

— Oh ! rassurez-vous, il n’en mourra pas… Il y a de la vie dans ce gaillard-là.

— Ce doit être le cousin de Molly, » ajouta Sylvia se rappelant avec une rougeur nouvelle ce que miss Corney lui avait dit à propos de ce cousin.

Et à partir de ce moment, son petit cœur ne songea plus qu’à tirer de son amie tous les détails confidentiels dans lesquels entrent volontiers les jeunes filles qu’on fait jaser sur le compte de leur fiancé. Mais il ne faudrait pas croire qu’elle s’avouât ce désir secret, même dans l’intimité de sa conscience. Elle se bornait à souhaiter ardemment de revoir Molly « pour la consulter, se disait-elle, sur la coupe de son manteau neuf. »

VI

LES FUNÉRAILLES DU MATELOT.

Moss-Brow, la maison des Corney, était une habitation en désordre et mal tenue. Les flaques d’eau, les trous à fumier abondaient dans la cour. Aux fenêtres pendaient toujours quelques linges mal lavés. On y bavardait beaucoup, on y balayait peu. Du reste, si les enfants étaient nombreux, les moutons et les vaches n’étaient pas rares, et les Corney, en somme, passaient pour riches ; mais ils l’étaient à leur manière, sans bien-être réel, sans menus soins d’élégance ou de propreté, compris par Bell Robson dans l’anathème qu’elle jetait de temps en temps aux ménages si mal tenus de ce pays imparfaitement civilisé.

Mistress Corney n’en reçut pas moins bien, et n’en