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froid sous la pompe héroïque de leurs vêtements. Philip pouvait les voir ; il les vit, sans doute, mais sans leur accorder la moindre attention. Presque en face de lui, — dix pas les séparaient à peine, — debout sur les degrés d’une porte bien connue, Sylvia se tenait, ayant aux bras un bel enfant rieur à qui elle était venue montrer la mascarade. Elle-même souriait, et de son propre plaisir et de celui qu’elle voyait prendre à Bella. Un moment, elle tourna la tête : c’était pour parler à Coulson, placé derrière elle et dont la réponse, que Philip ne put entendre, parut redoubler sa gaieté.

« Si j’étais là, pensa-t-il, elle ne rirait pas de si bon cœur. »

Puis, quand la mère et la fille, la cavalcade une fois passée, regagnèrent la tiède région du foyer domestique, le mari de l’une, le père de l’autre se glissa furtivement dans cette rue où le froid du soir, l’obscurité toujours croissante venaient de remplacer les derniers rayons du soleil couchant. Il cherchait un misérable abri, une couche dure où ses membres fatigués allaient s’étendre sans que le sommeil fermât ses yeux.

La belle histoire de la comtesse Phillis, qui regretta si longtemps son mari, ne lui avait jamais semblé si mythologique. — Le comte Guy, au surplus, n’avait pas épousé sa femme, sachant qu’elle aimait un autre homme, et cet homme vivant encore, bien qu’elle le crût défunt.