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rez si notre genre de vie vous convient, et, dans tous les cas, vous aurez trouvé chez nous un temps de repos… Le manteau d’Harry, vous le voyez, compte pour certificat de bonne vie et mœurs, ajouta-t-il en souriant. Vous devez, cela va sans le dire, vous conformer aux règles de l’établissement, — la chapelle à huit heures, le dîner à midi, tous les feux éteints à neuf heures du soir… Mais je vous expliquerai tout cela plus en détail, quand nous traverserons l’enclos pour vous aller mettre en possession. »

Philip se trouva donc ainsi, presque en dépit de lui-même, installé comme bedesman dans l’institution du Saint-Sépulcre.

XIII

UNE FABLE DÉMENTIE.

Pendant ce long hiver où il se trouva si souvent seul avec lui-même, dans les deux pièces jadis occupées par le vieux Dobson, Philip eut occasion, à diverses reprises, de repasser en esprit les incidents de sa vie d’autrefois, et — par un phénomène dont nous ne nous chargeons pas de rendre compte — plus il revenait ainsi sur les torts qu’il avait eus envers Sylvia, plus sa tendresse pour elle semblait les aggraver à ses yeux. Il s’accusait pour lui donner raison, et n’acceptait en sa propre faveur aucun de ces plaidoyers qui autrefois lui semblaient si concluants. À ses longues pensées, à ses amers souvenirs se mêlait une grande curiosité. — Où était Sylvia ? que faisait-elle ? À qui ressemblait leur enfant, cette enfant sur laquelle ils avaient des droits égaux ? — Il se rappelait alors la pauvre femme du soldat, la petite fille qu’elle