Page:Gaskell - Les Amoureux de Sylvia.djvu/352

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le warden se mit à énumérer les avantages de cette position confortable.

« Vous auriez, outre la jouissance du cottage, une charge de bois le jour de la Toussaint ou aux fêtes de Noël, et une autre à la Chandeleur, item une capote bleue et un habillement à la Saint-Michel, plus un shilling par jour pour le reste de votre entretien… Je ne parle pas du dîner, que vous prendriez avec vos camarades, et dans la salle commune…

— Où le warden va lui-même, lui-même en personne, chaque jour, s’assurer que rien n’y manque, et dire les grâces à l’issue du repas, ajouta la femme de l’honnête sinécuriste.

— Je dois vous paraitre stupide, répondit Philip avec une sorte d’humilité, en ne montrant pas plus de gratitude pour une offre qui passe de beaucoup toutes mes espérances… c’est une grande tentation que celle-ci, car je suis précisément épuisé de fatigue… J’ai songé plus d’une fois à me laisser tomber au coin d’une haie, pour y mourir sans avoir un pas de plus à faire… Mais c’est que, voyez-vous, j’avais autrefois, dans le nord, une femme et un enfant.

— Les auriez-vous perdus ? » demanda une des jeunes filles avec l’accent de la sympathie la plus vraie… Ses yeux rencontrèrent ceux de Philip, chargés d’une inexprimable mélancolie. Il essaya de parler ; il voulait s’expliquer plus clairement et pourtant laisser la vérité dans l’ombre.

« Fort bien, se hâta d’ajouter le warden qui crut entrevoir le fond des choses… Voici donc ce que je proposerai… Vous allez occuper, à titre provisoire, et comme bedesman à l’essai, la maison du vieux Dobson. J’écrirai à mon fils pour qu’il me renseigne sur votre compte… Vous vous appelez, dites-vous, Stephen Freeman ?… D’ici à ce que je reçoive la réponse, vous sau-