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warden une sinécure fort agréable. Des vieilles coutumes, une seule subsiste encore, en vertu des termes exprès du testament ; c’est qu’on doit, à quiconque la demande, une miche de pain blanc et une coupe de bonne bière, brassée d’après une recette de sir Simon lui-même, recette dans laquelle le lierre rampant (ou terrestre) doit tenir lieu de houblon. Inutile de dire que la recette a été modernisée comme le reste.

Profitant de l’indication qui lui avait été donnée, Philip, installé bientôt sur le banc hospitalier, reçut par un guichet pratiqué sous la voûte, et des mains d’un petit vieillard à figure bienveillante, le pain et la bière auxquels il avait droit. De la place qu’il occupait, ses regards arrivaient sans obstacle, à travers une grille ouverte, sur la pelouse fleurie autour de laquelle un petit nombre de vieillards infirmes, les uns assis, les autres se promenant deux à deux, humaient à la fois les tièdes rayons du soleil d’octobre et le vague parfum de ces roses qui renaissent tous les mois. Le portier — qui guettait de l’œil son convive, et ne pensait pas se tromper à l’expression de sa physionomie — partit de là pour entamer l’entretien.

« L’endroit est bon, n’est-ce pas ? disait-il… tout au moins pour ceux qui l’aiment… Je suis un peu las d’y résider… C’est aussi par trop séparé du monde… Il n’y a pas, dans un rayon de plus d’un mille, le moindre établissement public où on puisse, le soir, aller chercher des nouvelles.

— Je me figure pourtant, répondit Philip, qu’on doit vivre ici fort heureux, surtout quand on a le cœur tranquille. »

Justement alors vint à s’ouvrir la porte du bâtiment occupé par le warden, et le warden lui-même apparut en grand costume ecclésiastique.

Il allait à la ville voisine, et s’arrêta pour adresser