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la jeune élégante,… mais vous avez connu mon mari… Je me nomme mistress Kinraid. »

Une exclamation de surprise faillit échapper à Sylvia ; elle parvint cependant à la contenir et à dissimuler les sentiments dont elle était sans doute agitée, tandis qu’elle avançait un fauteuil pour la nouvelle venue à qui elle entendait faire le meilleur accueil. Au fond, cependant, elle se demandait pourquoi cette dame était venue, et si elle comptait rester longtemps.

« Vous avez connu le capitaine Kinraid, n’est-il pas vrai ? » dit la jeune dame, naïvement questionneuse.

Les lèvres de Sylvia s’entr’ouvrirent pour prononcer le mot « oui, » mais il n’en sortit qu’un murmure inarticulé.

« Votre mari, du moins, a connu le capitaine… Est-il de retour ?… Pourrais-je lui parler ?… Je désire tellement le connaître. »

Sylvia était absolument déconcertée. — Que pouvait avoir de commun mistress Kinraid, la femme de Charley, cette gentille et sereine créature, avec le pauvre Philip ? Par quel hasard, seulement, connaissaient-ils l’existence l’un de l’autre ? Elle dut se borner à répondre que son mari était absent, absent depuis fort longtemps, qu’elle ne savait pas où il était, qu’elle ignorait l’époque où il rentrerait chez lui.

Le visage de mistress Kinraid s’attrista quelque peu, d’abord à cause du désappointement qu’elle éprouvait elle-même, et aussi par sympathie pour l’espèce d’indifférence découragée qu’exprimait l’accent de Sylvia.

« Mistress Dawson m’avait bien dit, en effet, qu’il était parti quelque peu à l’improviste, il y a plus d’un an, mais je pensais qu’il avait dû vous revenir… J’attends le capitaine dans les premiers jours du mois prochain… Que j’aurais donc voulu voir M. Hepburn, et le remercier d’avoir sauvé le capitaine !