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faciliterait le renouvellement de leurs rapports mutuels et préviendrait les commentaires malveillants du public. Hester et sa mère viendraient habiter auprès de Sylvia et de son enfant. Grâce à la libéralité de Jeremy Foster qui lui avait abandonné une partie de son intérêt dans la maison de commerce, la jeune méthodiste comptait au nombre des associés. Elle avait pris peu à peu la direction exclusive du département spécial qui lui était confié ; de telle sorte que, pour mainte et mainte raison, sa présence à peu près continuelle devenait une vraie nécessité. D’autre part, la santé défaillante d’Alice Rose ne permettait pas qu’elle demeurât loin de sa fille, et les soins à lui donner constituèrent pour Sylvia une mission de confiance qu’elle était éminemment apte à remplir. La part de Philip dans l’avoir social, grossie récemment d’un legs de quatre à cinq cents livres qu’il avait aussitôt placées dans la maison, donnait un revenu suffisant pour l’entretien de Sylvia et de son enfant, qui par là ne se trouvaient à la charge de personne. Tout fut ainsi réglé par Jeremy Foster et accepté par Sylvia qui était restée trop enfant, trop dépourvue d’initiative personnelle, pour ne pas se remettre absolument un ses mains. Haytersbank se trouvant libre, elle eût sans doute préféré reprendre son ancienne vie dans ce rustique séjour. Mais l’intérêt même de son enfant et des soins à lui donner, la fit, non sans quelque regret, renoncer à cette vision caressée pendant quelques jours.

Hester eut aussi à se vaincre pour pardonner à Sylvia le malheur de Philip. Elle ne voulait voir en lui que son frère, mais une sœur n’a-t-elle le droit de s’indigner en voyant son frère méconnu, dédaigné par la femme qu’il aime ? D’un autre côté, Philip, dans sa lettre, lui enjoignait de veiller sur Sylvia et sur son enfant. Il fallait, pour remplir utilement cette tâche sacrée,