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« Agréez, ainsi que votre mère, l’assurance de ma vive affection. Présentez, s’il vous plaît, mes respects et mes tendresses bien particulières à ma tante Isabella Robson. Sa fille, Sylvia, sait bien que ce que je ressens et toujours ai ressenti pour elle, ne saurait ici s’exprimer par des mots. Je ne vous charge de rien qui la concerne. Dieu bénisse et conserve mon enfant ! Vous devez tous me regarder comme mort. Je le suis pour vous d’ores et déjà ; bientôt peut-être le serai-je en réalité.

« Votre très-affectionné serviteur
« et obéissant ami,
« Philip Hepburn. »

« P. S. Oh ! chère Hester, pour l’amour de Dieu et de moi, veillez sur (une rature marquait ici les deux mots ma femme) Sylvia et sur mon enfant ! Je me figure que Jeremy Foster vous assistera dans ce que vous voudrez faire pour eux. Ceci est la dernière prière que vous adressera jamais le pauvre P. H.

« Elle est si jeune !

Hester lut cette lettre dont l’accent découragé pénétra son cœur, et il lui sembla qu’il y avait là matière à se consulter sans retard avec les frères Foster, ces amis si dévoués. Mais un incident survint, qui lui fit ajourner cette résolution.

Sylvia, le matin même, cherchant à se rendre compte de la situation qui lui était faite, en avait compris pour la première fois tous les embarras. Philip une fois parti, elle n’avait plus aucun droit à occuper la maison. Elle n’y restait que par pure tolérance, ignorant d’ailleurs quelles ressources elle possédait encore, et s’il ne lui faudrait pas travailler pour vivre. Le travail, même celui des champs, n’avait rien qui l’effrayât, et bien