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Monkshaven… Ma sœur est venue s’y fixer… Nous vivons ensemble, et, Dieu merci, j’ai du travail… Aussi vais-je te quitter sans retard… Sache, seulement, que si jamais tu as besoin comme aujourd’hui d’un messager discret, ou si tu voulais causer des choses passées avec un ami d’enfance, tu n’as qu’à me faire chercher dans le cottage de Peggy Dawson, à droite du pont, et fallût-il faire vingt milles, j’accourrai tout aussitôt. »

Il s’était levé, disant ceci, pour échanger avec elle une cordiale poignée de main. Son dernier regard tomba sur l’enfant qui dormait.

« Elle te ressemble plus qu’à lui, dit-il… Je puis bien dès lors, ce me semble, appeler sur cette petite tête blonde les bénédictions du Seigneur. »

Environ trois semaines après la disparition de Philip, Hester Rose reçut une lettre de lui. Le seul aspect de l’adresse, tracée en caractères bien connus d’elle, l’avait jetée dans une telle agitation qu’elle dut laisser écouler plusieurs minutes avant de rompre le cachet et d’affronter les révélations que ces pages devaient contenir.

Appréhensions vaines, au surplus ; la lettre ne renfermait aucun renseignement précis, à moins qu’on ne prît pour telle la date un peu vague de « Londres » inscrite d’ailleurs sur le timbre de la poste.

Voici ce qu’elle lut :

« Chère Hester,

« À ceux que cela peut intéresser, veuillez apprendre que j’ai définitivement quitté Monkshaven. Personne ne doit concevoir à mon sujet la moindre inquiétude ; j’ai un gagne-pain. Présentez, je vous prie, mes humbles excuses à mes excellents amis, Messieurs Foster, et à mon associé William Coulson.