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femme est dans une situation pénible… Pouvez-vous m’apprendre où il est ?

— Sylvia, dites-vous ?… Mais j’ai passé la soirée avec elle, et rien n’annonçait…

— Sans doute, sans doute. Mais bien des choses arrivent en quelques heures… Mistress Robson est mourante… Peut-être est-elle morte, au moment où je vous parle… Hepburn devrait être auprès de sa femme… Ne pourriez-vous l’envoyer chercher ? »

Un messager partit aussitôt, dépêché vers la maison des Foster, chez qui on supposait que Philip avait pu aller chercher quelques fonds, requis pour ses échéances ; mais, de toute la matinée, on ne l’avait pas vu dans les bureaux de la banque. D’autres recherches furent faites, et par Hester, et par le docteur, et par Coulson, mais sans aucun résultat. Phœbé l’avait vu passer sous la fenêtre de la cuisine, et ce devait être, disait-elle, un peu avant onze heures ; deux gamins des rues croyaient l’avoir rencontré sur le quai, au milieu d’un groupe de marins ; mais ces derniers, retrouvés et reconnus à grand’peine, ne se rappelaient rien de pareil.

Avant qu’il fît nuit, toute la ville était préoccupée de cette étrange disparition. Avant qu’il fît nuit, Bell Robson avait rendu son âme à Dieu, et Sylvia, les yeux secs, persistait dans sa stupeur immobile, moins émue que personne, en apparence du moins, par les incidents de cette journée. Son enfant seule lui donnait encore quelque souci ; elle la tenait serrée dans ses bras, et le docteur Morgan ordonna qu’elle lui fût laissée, pensant que le voisinage de ce petit être déterminerait sans doute, à la longue, une effusion de larmes, un élan de sensibilité qu’il fallait provoquer à tout prix.

On craignait qu’elle ne s’informât de son mari dont l’absence, en de pareils moments, devait lui paraître singulière. Mais elle n’en dit pas un mot. On la