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— En ce cas, reprit Philip, il faudrait l’appeler Rose… Hester Rose.

— J’aimerais mieux Bella… le nom de ma mère.

— Et moi, dit Philip tendrement, je ne connais pas de nom plus doux et plus joli que Sylvia… Du reste, mon cher trésor, ce que vous désirez sera fait.

— Voilà donc qui est convenu : la petite s’appellera Bella, du nom de ma mère qui l’aime tant… Hester sera marraine ; … et de cette belle robe gorge-de-pigeon que vous m’avez donnée avant notre mariage, on fera le manteau de baptême.

— C’est pour toi que je l’avais achetée, dit Philip avec un désappointement marqué.

— À la bonne heure, mais je suis si peu soigneuse… Au surplus, tu as raison, ajouta-t-elle se reprenant… Cette robe est trop belle pour la petite… Je la ferai faire pour moi, et je la mettrai le jour du baptême… Mais que je vais avoir peur de l’abîmer !…

— Si tu l’abîmais, enfant, ne t’inquiète pas : il ne serait pas difficile de la remplacer… Je ne fais état de la richesse que pour vous procurer, à toi et à ta mère, tout ce que vous pouvez désirer… »

À ces mots, qu’elle voulut reconnaître, elle se souleva, faible et pâle encore, sur son oreiller, et lui donna le premier baiser qu’il n’eût pas sollicité d’elle.

Philip atteignit peut-être, ce jour-là, le point culminant de sa félicité en ce monde.