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TROISIÈME PARTIE.

I

JOURS HEUREUX.

Les vœux de Philip semblaient maintenant comblés. Ses affaires prospéraient, et ses profits encore modestes passaient de beaucoup les besoins de son ménage. Ses exigences personnelles étaient nulles. Il ne demandait à la fortune que les moyens de faire à son idole un sort digne d’elle. Ce sort, elle l’avait désormais. Rien ne l’empêchait, au besoin, de passer la journée entière dans son salon, occupée de travaux d’aiguille. Plus d’une robe en pièce, — sans compter celle dont il a été parlé, la robe gorge-de-pigeon, — attendaient au fond de ses tiroirs que le goût de la toilette lui fût revenu. Et enfin, sa mère était entourée des égards et des soins les plus empressés, Philip se souvenant toujours qu’il l’avait vue favorable à ses vœux, avant même que leur réalisation fût devenue possible. D’ailleurs, reconnaissance à part, il eût encore comblé d’attentions son infortunée belle-mère, ceci étant le plus sûr moyen d’obtenir de Sylvia quelques sourires et quelques douces paroles. À tout le reste elle était indifférente. La couture l’intéressait moins que son rouet, et les soins à donner à sa