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— De cela et de bien d’autres choses… Mais enfin, Sylvia, cet homme se meurt… Il se meurt, aux prises avec une misère épouvantable… au fond de cette étable que l’incendie a dévorée à moitié, sans personne qui veuille s’occuper de lui ou même lui adresser une bonne parole…

— Excepté vous, cependant, dit Sylvia se retournant brusquement vers Philip… Je présume, du moins, que vous l’avez vu.

— En effet, répondit-il ; je lui ai même envoyé le médecin de la paroisse, et, d’après ce qu’il m’a dit, ce malheureux n’a plus que quelques heures à vivre.

— Le sait-il, au moins ? » demanda Sylvia presque triomphante.

Philip secoua la tête.

« Son langage, répondit-il, prouve qu’il le sait… Il se plaint de la dureté des hommes… Il soupire après un autre monde où il trouvera, dit-il, plus de miséricorde.

— Il y trouvera mon père, repartit Sylvia toujours âpre et dure.

— Mais, Sylvia, il se repent ; … il prétend avoir cédé aux suggestions des avocats, qui l’auraient fait parler malgré lui.

— Beau repentir, quand la chose est faite !

— Le remords est toujours le remords, et cet homme est sur le point de mourir… Il désire, — et j’ai promis de te le demander en son nom, — il désire que tu viennes avec moi l’assurer que tu lui pardonnes.

— Et tu t’es chargé de ce message ?… Sais-tu bien, Philip, que j’ai envie de rompre pour jamais avec toi ? Nous ne sommes pas de la même trempe, sois-en bien convaincu… Il n’est pas en moi de pardonner, il n’est pas en moi d’oublier… Réfléchis donc un peu !…Si ton père avait obligé un misérable en butte à la haine de tous, et que, pour récompense, ce lâche ingrat l’eût fait pendre, te