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« Sylvia, Sylvia, » disait Philip.

« Il s’est montré bien bon pour nous tous, s’écria la jeune fille qui laissa tomber sa fourche avec un geste insouciant… Je m’efforcerai de le rendre heureux. »

XV

LA ROBE DE NOCES.

Philip et Sylvia étaient donc promis l’un à l’autre. Mais bien qu’il se fût écoulé seulement vingt-quatre heures depuis l’engagement pris, Philip s’étonnait déjà de ne pas se sentir plus heureux. S’il eût voulu se définir à lui-même ce qui lui manquait, il n’aurait trouvé que ceci à dire : Rien n’était changé dans ses rapports avec Sylvia, depuis qu’elle avait promis d’être sa femme. Elle était calme et douce, mais ne semblait ni plus intimidée, ni plus rayonnante, ni plus effarouchée, ni plus heureuse qu’elle ne l’avait été depuis plusieurs mois. Quand elle vint, docile au signal, le retrouver près de cette barrière, le cœur du jeune homme battit plus vite et ses yeux brillaient d’amour en la regardant s’approcher. Mais il ne vit ni rougir son front, ni sourire ses lèvres, et lorsqu’il voulut, avec une muette insistance, lui faire quitter le sentier qui les ramenait à la ferme, elle lui résista machinalement, absorbée dans des réflexions dont il n’avait pas le secret. Il murmurait à son oreille de douces paroles qu’elle semblait à peine entendre. Sur leur route jaillissait une source limpide qui, reçue dans un grossier réservoir, servait aux usages domestiques ; les vases de la laiterie, propres et brillants, étaient rangés au bord de l’eau murmurante. Sylvia