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— Ton oncle, interrompit Hester, est sous le coup d’un mandat… Nous en sommes instruits depuis ce matin.

— Il est arrêté… Il partira demain pour York-Castle… Sa femme, sa fille, ont à le voir auparavant… Veux-tu les aller chercher ?… Une carriole sera ici dans dix minutes… C’est un rude temps pour les faire voyager, mais je suis sûr qu’elles n’y prendront pas garde… »

Dans la forme, ce n’était là qu’une simple requête ; au fond c’était un ordre, et Philip savait d’avance qu’il serait obéi. Hester remarqua qu’il n’attendait même pas sa réponse ; elle remarqua également que s’il s’inquiétait du mauvais temps, ce n’était pas pour elle, mais pour les personnes qu’elle allait chercher. Elle n’en répondit pas moins, avec douceur :

« Je serai prête quand il le faudra ; je vais m’habiller.

— Tu es vraiment bonne, toi ! » s’écria Philip lui pressant la main avec un élan de chaude reconnaissance.

Et il lui détailla tous les soins qu’elle aurait à prendre pour que Sylvia et sa mère fussent autant que possible à l’abri du froid…

« Mais, dit-elle l’interrompant tout à coup, si par hasard elles ne voulaient pas venir ?… Elles ne me connaissent pas ; peut-être ne croiront-elles pas à mes paroles…

— Il faut qu’elles te croient… Il faut qu’elles viennent, tu m’entends bien ?… Je te le dis en confidence, et tu ne le leur répéteras pas, il s’agit de choses très-graves… Et si tu savais, Hester, comme elle aime son père ! »

Tandis qu’il en appelait ainsi aux sentiments de sa jeune amie, ni son triste regard, ni ses lèvres frémissantes ne laissaient à celle-ci le moindre doute. Inutile