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Hepburn ! Hepburn ! cria-t-il ensuite rappelant Philip, qui descendait l’escalier quatre à quatre, s’il y a des gens qui veulent voir votre oncle avant son départ, prévenez-les qu’il ne faut pas perdre de temps ! »

Philip courut d’abord chez l’avocat qui lui était recommandé. Ne le trouvant pas, il se rendit, toujours du même train, jusqu’à la principale auberge de la ville, où il commanda une carriole qu’il fallait, dit-il, envoyer dans le délai d’un quart d’heure à la porte de son magasin.

Coulson, quand il y entra, ne lui adressa pas une seule parole. Ses regards seuls reprochèrent à son associé une absence qui semblait inexplicable. Hester rangeait quelques marchandises, bien convaincue, à pareille heure et avec un si gros temps, qu’il n’y avait plus de chalands à espérer. Philip allant droit à elle, la regarda fixement sans la voir et la fit ainsi rougir sans qu’elle eût pleine conscience du trouble où il la jetait. Tous trois rompirent à la fois le silence.

« Vous êtes trempé, ce me semble, dit Hester sans lever les yeux sur Philip.

— Tu dois avoir recueilli bien des nouvelles, dit Coulson, après être resté dehors tout l’après-midi ? »

Et Philip, très-bas, à Hester :

« Veux-tu passer dans le salon ?… J’ai quelque chose à te dire en particulier. »

Quand ils y furent seuls, il prit dans ses deux mains sa main tremblante, et l’enveloppant d’une étreinte nerveuse :

« Hester, lui dit-il, j’ai besoin de toi ; me refuseras-tu ton assistance ?

— Jamais, tu le sais bien, Philip, répondit la jeune fille avec une émotion comprimée.

— Je le sais, en effet, repartit Philip… Voici ce dont il s’agit : mon oncle Daniel Robson…