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ment fait connaître l’objet de sa démarche… Il me semble que je connais ce nom… N’est-ce pas un de ces hommes compromis dans l’affaire de samedi soir ? »

En signe d’affirmative, Philip inclina tristement la tête. La physionomie de M. Donkin devint alors beaucoup plus sérieuse. Levant les yeux sur Philip :

« Vous êtes sans doute informé, lui dit-il, que je suis le clerk des magistrats ?… Non ?… Je dois, dans ce, cas, vous en instruire. Si donc vous venez réclamer mes services ou mes conseils pour quelqu’un sous le coup de leurs poursuites présentes ou futures, sachez qu’il ne m’est pas permis de vous les donner. »

Philip faillit perdre contenance. À la longue, cependant, il se ravisa.

« Je suis devenu, dit-il, l’unique soutien de cette famille privée de son chef, et j’aurais grand besoin, pour savoir ce que j’ai à faire, qu’on me mît au courant du sort réservé à Daniel Robson… Vous serait-il interdit, monsieur, de me donner ce renseignement ?

— Daniel Robson comparaîtra demain matin devant les magistrats pour subir un dernier interrogatoire, suivi de confrontations… De là il partira pour York-Castle, où il attendra l’ouverture des assises de printemps.

— York-Castle ! répéta Philip, complétement abasourdi… Et vous dites qu’il partira ?…

— Demain, à l’issue de la séance, selon toutes probabilités… Son affaire ne me paraît pas trop bonne… Serait-il par hasard de vos amis, monsieur Hepburn ?

— C’est mon oncle, répondit le jeune homme embarrassé… Mais, au nom de Dieu, que peut-on lui faire ?

— Ce qu’on peut lui faire ?… et M. Donkin souriait à demi de tant d’ignorance. On peut le faire pendre, si le juge se trouve ce jour-là de mauvaise humeur : il est, (au premier ou second degré, je ne sais pas trop), un des