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des idées au sujet de notre fille, et j’imagine que ces idées ne lui ont point passé… Je dis aussi qu’avant longtemps il pourra bien compter sur deux à trois cents livres par an de bénéfices nets… Voilà tout ce que je dis… Est-il, là-dedans, question de sweet-hearts ? »

VII

UN REFUS.

Les Foster, que leur génie organisateur portait à se mêler volontiers des affaires d’autrui, avaient eu l’idée de transplanter le ménage des Rose dans la vieille maison attenante à leurs magasins. Alice y régnerait de concert avec la vieille servante qui, pour le présent, veillait au bien-être intérieur de Jeremiah. Philip et Coulson resteraient ses locataires, comme par le passé.

L’obstination d’Alice fit avorter ces beaux plans dont le principal tort, énorme à ses yeux, était de n’avoir pas eu son aveu préalable. Elle entrevoyait, disait-elle, le mariage plus ou moins prochain de l’un des deux jeunes gens, et la femme qu’il aurait choisie revendiquerait très-certainement la jouissance de la maison où on voulait le transplanter d’ores et déjà, sans égard à cette chance d’avenir. — Qui savait, d’ailleurs, ce que serait la nouvelle venue ? Les jeunes gens font des choix si bizarres, si peu raisonnables ? — L’absurdité des mariages en général, et du mariage des jeunes gens en particulier, était le thème favori des discours d’Alice. Elle n’en parlait guère sans une arrière-pensée hostile, une sorte d’amertume railleuse, bien convaincue, paraissait-il, que le choix d’une fiancée ou d’un mari devrait être exclusivement l’affaire des anciens de la famille.