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grog… Selon moi, cela vaut, pour passer le temps, toutes les demoiselles du Yorkshire.

III

AVERTISSEMENTS INUTILES.

Le lendemain du jour où Sylvia s’était promise à Kinraid, les Foster parurent dès le matin fort inquiets de leur correspondance. La poste, à cette époque, n’arrivait que trois fois par semaine à Monkshaven, et le facteur était tout simplement une vieille femme boiteuse, qui, ce matin-là, semblait se traîner plus lentement qu’à l’ordinaire, au grand désespoir des deux frères et, par contre-coup, de leurs fidèles commis, de leurs successeurs désignés.

Les lettres arrivées, l’une d’elles parut être l’objet d’une attention toute spéciale. John et Jeremy regardèrent l’adresse tour à tour, puis se regardèrent l’un l’autre et, l’emportant avec eux sans avoir brisé le cachet, se retirèrent dans leur sanctum sanctorum pour la lire tout à leur aise.

Coulson et Philip comprirent tous les deux qu’il se passait quelque chose d’extraordinaire et n’accordèrent plus qu’une attention très-limitée aux affaires du magasin. Heureusement les chalands n’étaient pas nombreux ce jour-là, et Philip n’avait rien à faire lorsque John Foster ouvrit la porte du salon, où il l’appela par un geste empreint de quelque hésitation. Quand il les vit tous les trois enfermés ensemble, Coulson ne put se défendre d’un léger dépit. Mais il en revint bientôt à ses habitudes de résignation, qui étaient chez lui, en même