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maternelle la retint, et, — pour ce soir-là du moins, — la mère et la fille, préoccupées de la même pensée, n’échangèrent pas une seule parole.

II

LA PROMESSE.

Du premier de l’an aux derniers jours de février, le froid continua, dur au pauvre monde, mais bien venu des fermiers, car il empêchait les blés d’automne de percer trop tôt la terre et, consolidant les routes, facilitait le transport des engrais. En revanche il ne convenait pas aux santés délicates, et Bell Robson dont l’état ne s’aggravait pas, voyait néanmoins s’ajourner sa guérison. Sylvia, — bien qu’elle eût le secours d’une pauvre veuve du voisinage pour toutes les journées où un travail exceptionnel lui était imposé, — se trouvait en face d’occupations très nombreuses ; mais si ses mains avaient fort à faire, son imagination demeurait libre, et dans son existence toujours calme, toujours monotone, rien ne l’empêchait de concentrer toutes ses pensées sur Charley Kinraid, ses façons d’agir, ses paroles, l’expression de ses traits, le droit qu’elle pouvait avoir de l’interpréter au gré de ses vœux, la durée probable du sentiment qu’elle lui avait inspiré, — en supposant que cette interprétation ne fût pas chimérique.

Philip ne se doutait guère de tout ceci. Ses chiffres, ses vérifications l’occupaient tout entier. Les Foster, d’ailleurs, voulant présenter leurs successeurs aux divers négociants avec lesquels ces derniers allaient se trouver en rapport, emmenaient avec eux dans leurs fréquentes tournées l’un ou l’autre des deux jeunes commis. De