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combiné par les deux frères. Ils craignaient que Hepburn et Coulson ne se laissassent éblouir par le chiffre des bénéfices, et avaient organisé l’échelle mobile des remboursements de manière à réduire le revenu de la première année dans des proportions considérables selon eux, mais qui le laissaient encore énorme aux yeux les deux jeunes gens, dont le plus riche ne s’était jamais vu à la tête de plus de cinquante livres.

Tous deux restaient muets, à la grande surprise de leurs patrons. Tout à coup Philippe se leva, n’estimant pas qu’il pût témoigner convenablement sa gratitude s’il continuait à se prélasser sur sa chaise, et William suivit son exemple à l’instant même. Hepburn débuta par une phrase modelée sur les remercîments imprimés dans tous les journaux d’York quand ils rendaient compte de toasts portés aux membres des Communes et de la réponse formulée par ceux-ci… Mais bientôt l’élan de sa reconnaissance lui fournit des paroles moins compassées, et ce fut d’une voix émue qu’il prit, pour son camarade et pour lui, l’engagement solennel de mériter à l’avenir, mieux encore que par le passé, les bontés qu’on leur témoignait.

« Je voudrais, ajouta-t-il, que ma mère eût vécu jusqu’à cette journée…

— C’est bon, c’est bon, Philip ! dit John Foster, pour qui ce mouvement de cœur ne fut pas perdu, mais provisoirement parlons affaires. Sachez donc (nous allions oublier ceci, frère Jeremy), sachez que nous ne voulons pas livrer tout ceci à la curiosité des badauds de Monkshaven, jusqu’à ce que tous nos arrangements soient définitivement pris, les inventaires vérifiés par vous, les actes dressés par le jurisconsulte choisi pour cela… Il nous faut donc votre parole que tout ceci restera parfaitement secret. »

Coulson promit sans se faire prier ; Philip, au contraire,