Page:Gaskell - Les Amoureux de Sylvia.djvu/117

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— … Combien cela fait-il, avec les marchandises ?

— Deux mille trois cent soixante et seize livres seize shillings et huit pence, dit Philip.

— Bon !… Et la clientèle, demanda l’impitoyable John, à combien doit-elle être évaluée ?

— Cela dépend, frère, de la personne qui se présenterait pour acheter le reste… On pourrait se montrer plus coulant s’il s’agissait de gens connus et à qui on souhaiterait quelque bien… Si, par exemple, Philip et William se déclaraient prêts à prendre l’affaire, je ne pense pas que ni toi ni moi, voulussions les traiter à l’égal de… Millers. »

(Millers était le propriétaire d’un petit magasin de la Ville-Neuve, qui depuis peu de temps essayait contre les Foster une concurrence impossible.)

« Je ne demande pas mieux que Philip et William viennent après nous, dit John… Mais il ne s’agit pas de cela, » continua-t-il, bien convaincu, néanmoins, qu’il ne s’agissait pas d’autre chose.

Personne ensuite n’ouvrit la bouche. Ce fut Jeremy qui reprit.

« Il ne s’agit pas de cela, dis-tu ? »

Et il regarda les deux jeunes gens. Coulson secoua la tête. Philip dit, avec plus de courage :

« J’ai cinquante-trois livres, sept shillings, et quatre pence placés chez vous, master John,… et c’est tout ce que je me connais au monde.

— Voilà qui est dommage, » reprit John ; et le silence régna de nouveau.

Neuf heures et demie vinrent à sonner. Il était grand temps de commencer à finir.

« Peut-être, frère, trouveraient-ils des amis pour leur avancer l’argent ?… À raison de leurs bons et loyaux services, on ne leur montrerait pas trop d’exigence. »

Ce fut encore Philip qui répondit le premier :