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son de voix joyeuses arriva jusqu’à lui. Quand il ouvrit la porte, Alice, la fille d’Alice et William Coulson étaient debout et semblaient l’avoir attendu. Le manteau d’Hester séchait sur une chaise devant le feu ; elle avait encore son capuchon, car elle rentrait à peine avec Coulson de la veillée Méthodiste.

L’essor communiqué par cette solennité à ses sentiments religieux, avait laissé des traces et dans sa pensée et sur son visage. Son regard, ordinairement plein d’ombres, épanchait une sorte de lueur spirituelle ; une rougeur imperceptible animait ses joues habituellement si pâles. Toute préoccupation égoïste était, en elle, comme noyée sous le flot abondant de la bienveillance universelle qu’elle accordait aux créatures de Dieu. Sous l’influence de cette charité sans bornes, et oubliant sa réserve accoutumée, elle vint au-devant de Philip pour lui offrir ses vœux de Nouvel An ; — vœux déjà échangés entre elle et les deux autres compagnons de sa vie. Pour toute réponse, il prit sa main dans une chaleureuse étreinte. Au moment où elle la retirait, la rougeur de son visage devint plus marquée. Alice Rose murmura quelques mots sur l’heure avancée et sur la fatigue qu’elle éprouvait ; après quoi elle remonta, suivie de sa fille, dans la chambre qu’elles occupaient sur la rue, tandis que Philip et Coulson regagnaient celle où ils logeaient ensemble dans le fond de la maison.

XIII

PERPLEXITÉS.

Entre Philip et Coulson régnait une sorte d’affection sans intimité. S’ils ne se disputaient jamais, jamais non