Page:Gaskell - Les Amoureux de Sylvia.djvu/102

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il voulut lui faire répéter ces paroles inarticulées à demi, mais elle refusa obstinément, et il en fut réduit à des conjectures qui n’avaient après tout rien de fort désobligeant pour lui.

« Je serai des vôtres jusque chez vous, dit-il au moment où Sylvia se levait enfin, avertie par un nouveau regard de Philip.

— Non, répondit-elle… cela ne se peut. » Elle comprenait, effectivement, que ce tiers, ajouté à leur tête-à-tête, ne ferait qu’accroître le mécontentement de son cousin et augmenter la peine qu’il allait falloir prendre pour l’apaiser.

— Pourquoi non ? reprit Charley avec une certaine brusquerie.

— Oh ! je ne sais… Mais, je vous en prie, n’insistez pas. »

Pendant ce dialogue, elle avait mis son manteau, son capuchon, et suivie de Charley, s’acheminait vers le dehors, au bruit de mille remontrances indignées. Philip, chapeau en main, se tenait sur le seuil de la porte qui séparait la cuisine et le salon, tout entier à ce que faisait Sylvia, et raillé, sans s’en apercevoir, par ceux qui le voyaient absorbé au point d’oublier toutes les règles de la politesse la plus élémentaire.

« Vous voilà prête, à la fin ? dit-il lorsque sa cousine arriva près de lui.

— Oui, répondit-elle du ton le plus conciliant… Est-ce que je vous ai fait beaucoup attendre ?… J’ai à peine fini de souper.

— Si votre souper s’est tant prolongé, la gourmandise n’y est pour rien… Est-ce que ce cadet-là vient avec nous ? ajouta-t-il brusquement lorsqu’il vit Kinraid chercher à tâtons sa casquette parmi les vêtements d’homme entassés dans l’arrière-cuisine.

— Non, répondit Sylvia qu’effrayait la mine et l’ac-