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HISTOIRE DU CANADA.

directement marcher. On ne devait en conséquence faire aucune concession sur la question des finances ; et s’il arrivait une crise en profiter pour le mettre à exécution. Mais la métropole ne devait pas paraître comme actrice active dans la politique qu’on allait suivre pour amener ce résultat. La rivalité des deux chambres canadiennes était suffisante pour cela. On n’avait qu’à soutenir le conseil dans son opposition à la chambre et ne rien céder à celle-ci, et en peu de temps la crise serait portée au point qui permettrait aux ministres de prouver au parlement impérial que l’union était le seul remède propre à mettre fin aux dissensions et à assurer le repos du peuple et l’existence du gouvernement.

Si le plan que nous venons de tracer ne fut pas d’abord arrêté à la lettre au bureau colonial tel qu’on l’expose ici, il est indubitable que l’idée en influença de jour en jour plus fortement la marche des ministres, et qu’à l’époque où nous arrivons M. Ellice les avait presque convaincus de la nécessité de le soumettre au parlement ; ce qui expliquait pourquoi toutes les demandes de l’assemblée étaient reçues, quelque raisonnables qu’elles fussent, par le cri éternel de révolte et de trahison poussé par le conseil guidé par le juge Sewell, instrument rusé et parfaitement éclairé du bureau colonial.

L’assemblée pour ne pas laisser lord Dalhousie dans la pensée qu’il suffisait de manifester des intentions pacifiques et bienveillantes pour rétablir la concorde, s’expliqua d’une manière précise dans sa réponse sur le grand sujet du débat, le budget, rédigée par un comité composé de MM. Cuvillier, Taschereau, Neilson, A. Smart et Quesnel, citoyens sages, éclairés et jouissant à juste titre d’une grande popularité.

Dans les estimations qui furent transmises par l’exécutif, la dépense civile était divisée par classes correspondant aux classes des fonctionnaires et à la nature des dépenses, et elles se montaient en totalité à £45,000,

L’assemblée les discuta article par article, fit quelques retranchemens, puis, pour tâcher de concilier le conseil à la doctrine du vote annuel, abandonna la forme prise dans la dernière session, c’est-à-dire le vote par article, et adopta la division par chapitre ; elle vota ainsi une liste civile de £46,000 de son propre mouve-