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HISTOIRE DU CANADA

abandonné en voyant le général Wilkinson s’avancer vers Montréal, évacua le fort George dans le mois de décembre, et brûla le village de Newark avant de rentrer dans son pays. Le général Drummond résolut de venger cet acte de barbarie inutile. Le colonel Murray à la tête de 5 à 600 hommes surprit le fort Niagara, fit 300 prisonniers et enleva une quantité considérable de canons et d’armes de toute espèce. Le général Riall le suivait avec deux régimens et tous les guerriers indiens de l’ouest pour le soutenir. Riall en représailles de l’incendie de Newark, lâcha la bride à ses troupes et aux Sauvages. Lewiston, Manchester et tout le pays environnant furent brûlés et dévastés. Les petites villes de Black-Rock et de Buffalo furent enlevées après un combat livré dans les rues, et abandonnées aux flammes. Cette expédition dévastatrice termina les dernières opérations de la campagne de 1813, qui fut défavorable en définitive aux armes américaines sur terre comme sur mer. Après plusieurs combats navals particuliers, la république n’ayant pas assez de force pour se mesurer avec son adversaire en bataille rangée sur l’océan, vit ses principaux capitaines succomber, comme le brave Lawrence tué dans le célèbre combat livré entre la Chesapeake et la Shannon, qu’il prit la première à l’abordage. Les flottes anglaises ravageaient les côtes, détruisaient tous les vaisseaux trouvés dans la baie de Delaware, pillaient et brûlaient les villages répandus sur la rivière Chesapeake, et étendaient leurs ravages jusque sur les côtes de la Virginie, dont les habitans étaient soumis à toutes sortes d’outrages. Les armées qui opéraient sur la frontière du Canada ayant pris leurs quartiers d’hiver, le général Prevost descendit à Québec pour rencontrer les chambres qui se réunirent dans le mois de janvier (1814). Les dissensions entre la branche populaire et le conseil législatif, dont la guerre avait d’abord fait suspendre l’ardeur, reprenaient petit à petit leur vivacité accoutumée. Elles furent plus ardentes dans cette session que dans la précédente, malgré les efforts du gouverneur pour calmer les esprits et pour porter toute l’énergie du côté de la guerre. L’assemblée qui était de bonne intelligence avec lui, vota, sur un message secret, une émission de billets d’armée d’un million et demi pour pourvoir aux dépenses militaires. Le bill des juges fut repris par l’assemblée et rejeté par le conseil ainsi