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DU CANADA.

il continua sa route quoiqu’il eût été informé à Carillon que 900 Américains étaient retranchés sous les murs de la place qu’il allait attaquer. Mais Dieskau, comme le général Braddock, n’avait que du mépris pour la milice ; il négligea les précautions que cet avis aurait dû lui faire prendre, et les instructions de M. de Vaudreuil, qui lui recommandaient expressément dans tous les cas d’attaquer avec toutes ses forces sans jamais les diviser.[1] Les Canadiens et les sauvages le blâmèrent de laisser la moitié de ses soldats à Carillon.[2]. Mais il brûlait du désir d’éclipser, par quelque action d’éclat, la victoire de l’Ohio, car déjà l’on voyait naître, entre les troupes du pays et celles de France, une jalousie trop encouragée par les officiers généraux pour ne pas aller

  1. Instructions de M. de Vaudreuil au général Dieskau : Documens de Paris. — Les mémoires sur les affaires du Canada depuis 1749 jusqu’à 1760, publiés par la Société littéraire et historique de Québec, disent le contraire ; mais c’est une erreur. À propos de ces mémoires imprimés, dit-on, sur une mauvaise copie du manuscrit original qui est perdu, il est bon d’observer qu’ils renferment de nombreuses inexactitudes. Par exemple, l’auteur fait partir du Canada le gouverneur Duquesne après la bataille du lac St.-Sacrement, et commander à la même époque les Anglais par le général Abercromby. Il dit que les officiers canadiens insistèrent pour marcher sur le fort Edouard, et non sur le camp de Johnson, parce qu’il était garni de canons ; l’opposé de tout cela est la vérité. Il en est de même de l’accusation de lâcheté qu’il porta contre le chevalier Montreuil, qui fit preuve, au contraire, de beaucoup de bravoure. Toutes ces erreurs se trouvent réunies dans deux ou trois pages.
  2. Lettre de M. de Vaudreuil au ministre : Documens de Paris.