Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome I, 1845.djvu/96

Cette page a été validée par deux contributeurs.
96
HISTOIRE

étaient propagés (Laët. — Histoire de l’Amérique). Ils en avaient aussi apprivoisé quelques uns qui leur fournissaient des laitages ; mais bientôt cette ressource leur manqua, et il ne leur resta plus que la pêche pour fournir à leur subsistance. Lorsque leurs habits furent usés, ils s’en firent de peaux de loup-marin. À leur retour, Henri IV voulant les voir dans le même état dans lequel on les avait trouvés, on les lui présenta avec les vêtemens dont l’on vient de parler. Leur barbe et leurs cheveux qui étaient d’une longueur démesurée et fort en désordre, donnaient un air rude et sauvage à leur figure. Le roi leur fit distribuer à chacun cinquante écus, et leur permit de retourner dans leurs familles sans pouvoir être recherchés de la justice pour leurs anciennes offenses.

Cependant, le marquis de la Roche qui avait engagé sa fortune dans cette entreprise, la perdit toute entière par suite des malheurs qui ne cessèrent de l’accabler. Ruiné et sans espérance de pouvoir reprendre un projet qu’il avait toujours à cœur, le chagrin s’empara de lui et le conduisit lentement au tombeau. L’histoire des traverses et de l’infortune de cet homme et des colons qui le suivirent dans l’île de Sable, forme un épisode digne d’exercer la plume d’un romancier.

On a reproché à M. de la Roche plusieurs