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DU CANADA.

serait le nôtre, si nous différions plus longtemps à tirer justice de l’affront qui a été fait à la nation française ? C’est ce qui m’a engagé à vendre mon bien ; c’est ce qui m’a ouvert la bourse de mes amis ; j’ai compté sur vous, je vous ai cru assez jaloux de la gloire de votre patrie pour lui sacrifier jusqu’à votre vie en une occasion de cette importance ; me suis-je trompé ? J’espère donner l’exemple, être partout à votre tête, prendre pour moi les plus grands périls ; refuserez-vous de me suivre ? »

L’on répondit par des acclamations à cette allocution noble et chaleureuse ; et, dès que le temps le permit, l’on cingla vers la Floride. Les Sauvages étaient mal disposés contre les Espagnols. De Gourgues en profita et forma une ligue avec eux. Sans perdre de temps, il fit les dispositions nécessaires pour attaquer les ennemis, qui avaient ajouté deux forts à celui qu’ils avaient enlevé aux Français. On garda le plus grand secret pour ne pas leur donner l’éveil.

De Gourgues divisa ses troupes en deux colonnes pour l’attaque, et marcha, aidé des Sauvages, contre le premier fort. La garnison qui était de soixante hommes, l’ayant abandonné, tomba entre les deux colonnes, et fut presque toute détruite au premier choc. Le second fort fut pris après quelque résistance