Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome I, 1845.djvu/521

Cette page a été validée par deux contributeurs.
523
DU CANADA.

dans une aussi juste cause. Tenez vous sur vos gardes de peur de quelque nouvelle trahison de la part de l’ennemi, et faites secrètement vos préparatifs pour fondre sur lui par le lac Champlain et par Catarocoui quand vous serez obligé de recommencer la guerre ».

Les Indiens des lacs s’étaient de leur côté beaucoup refroidis pour les Français ; les Hurons de Michilimackinac surtout entretenaient des correspondances secrètes avec les cantons, quoiqu’ils se fussent battus contre eux dans la dernière campagne. Ces nouvelles jointes à l’épidémie qui éclata dans le Canada après le retour de l’armée, et qui y causa de si grands ravages, firent abandonner au gouverneur le projet de porter une seconde fois la guerre chez les Iroquois, dont les bandes avaient déjà insulté le fort de Frontenac, et celui de Chambly qui, assiégé tout à coup par les Agniers et les Mahingans, n’avait dû son salut qu’à la promptitude avec laquelle les habitans étaient accourus à son secours. Cela n’était que les signes avant-coureurs des terribles irruptions des années suivantes.

Le tableau que le gouverneur fait de cette lutte indienne[1], peint vivement la situation de nos ancêtres, les dangers qu’ils ont courus et

  1. Lettre à M. de Seignelay du 10 août 1688.