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HISTOIRE

paraît d’autant plus étrange, qu’elle était en contradiction, comme on vient de le dire, avec ce qu’il pensait et avec ce qu’il écrivait en France.

Enfin les Iroquois levèrent le masque. Alors il n’y eut plus qu’un cri dans la colonie contre l’ineptie du gouverneur. Les moins violens disaient hautement que son grand âge le rendait crédule lorsqu’il devait se défier, timide lorsqu’il fallait entreprendre, ombrageux et défiant à l’égard de ceux qui méritaient sa confiance. La reprise seule des armes dans les cantons vint le tirer de sa torpeur et de son inaction. Ils donnèrent le signal en envoyant une armée pour s’emparer du fort de St.-Louis, où M. de Baugy, lieutenant de ses gardes, commandait depuis qu’il avait fait retirer ce poste des mains de la Salle. Cette attaque fut repoussée. M. de la Barre devait, dans les circonstances où il se trouvait, frapper fort et surtout frapper vite, car l’on disait que l’ennemi avait envoyé jusque chez les Sauvages de la Virginie pour renouveler la paix avec eux, afin de n’avoir rien à craindre pour ses derrières, ce qui annonçait une grande résolution de sa part. Le gouverneur jugea avec raison qu’il valait mieux aller porter la guerre chez lui, que de l’attendre dans la colonie ; mais ayant reçu peu de secours de France, il voulut engager