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HISTOIRE

Madame de Maintenon, calviniste convertie, et devenue secrètement son épouse (1685), l’encourageait dans ce dessein, et lui suggéra ce moyen cruel, celui d’arracher les enfans à leurs pareils pour les élever dans la foi catholique ; ce moyen qu’elle n’eût jamais recommandé sans doute, si elle eût été mère.

Les vexations, les confiscations, les galères, le supplice de la roue, le gibet, tout fut employé inutilement pour les convertir. Les malheureux protestans ne songèrent plus qu’à échapper à la main qui s’appesantissaient sur eux ; on eut beau leur défendre de laisser le royaume et punir des galères ceux qui trempaient dans leur évasion, cinq cents mille s’enfuirent en Hollande, en Allemagne, en Angleterre, et dans les colonies américaines de cette nation. Ils y portèrent leurs richesses, leur industrie, et, après une pareille séparation, des ressentimens et une soif de vengeance qui coutèrent cher à leur patrie. Guillaume III chargea plus d’une fois les troupes françaises à la tête de régimens français, et l’on vit des régimens catholiques et huguenots, en se reconnaissant sur le champ de bataille, s’élancer les uns sur les autres à la bayonnette avec cette fureur et cet acharnement que ne montrent point des soldats de deux nations différentes. De quel avantage n’eut pas été une