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HISTOIRE

colonie partirent sans provisions, dans un méchant canot d’écorce, se reposant sur la chasse et sur la pêche pour vivre en chemin.

Tandis qu’ils descendaient par le côté nord le lac Michigan, la Salle le remontait par le côté sud avec un renfort d’hommes et des agrès pour son brigantin. Il ne trouva en conséquence personne au poste qu’il avait établi sur la rivière des Illinois. Cela lui fit perdre une autre année, qu’il passa en diverses courses : il visita un grand nombre de tribus, entre autres les Outagamis et les Miâmis, qu’il réussit à détacher de l’alliance des cinq nations, qui après le départ de Tonti, avaient à ce qu’il paraît chassé une partie des Illinois au-delà du Mississipi chez les Osages. Il retourna ensuite à Catarocoui et à Montréal pour mettre ordre à ses affaires qui étaient fort dérangées. Il avait fait des pertes considérables[1]. Il réussit cepen-

  1. « Un vaisseau chargé de vingt deux milles livres de marchandises pour son compte venait de périr dans le golfe St.-Laurent ; des canots montant de Montréal au fort de Frontenac, chargés pareillement de marchandises, s’étaient perdus dans les rapides. Il disait qu’à l’exception de M. le comte de Frontenac, il semblait que tout le Canada eût conjuré contre son entreprise ; que l’on avait débauché ses gens qu’il avait amenés de France, dont une partie s’était échappée avec ses effets par la Nouvelle Hollande, et qu’à l’égard des Canadiens qui s’étaient donnés à lui, l’on avait trouvé moyen de les dégoûter et de les détacher de ses intérêts ». Dans tous ses malheurs, dit un missionnaire,