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HISTOIRE

excitèrent ainsi les Iroquois et les Miâmis à prendre les armes contre les Illinois ses alliés, par des correspondances qu’ils entretenaient chez ces peuples. Rien n’égalait l’activité de ces traitans ; ils suivaient la Salle à la piste, ils faisaient une espèce de concurrence sourde à son privilége chez toutes les nations sauvages, et semaient par tous les moyens que l’intérêt peut suggérer, des obstacles à l’accomplissement de ses desseins. À cette opposition intérieure, venaient se joindre les intrigues des colonies anglaises, qui voyaient naturellement d’un mauvais œil les découvertes et l’esprit d’agrandissement des Français ; aussi encouragèrent-elles les Iroquois à fondre sur leurs alliés dans la vallée du Mississipi. Il n’est donc pas surprenant si, ayant à lutter contre une opposition aussi nombreuse et aussi formidable, la Salle n’a pu exécuter qu’une partie d’un plan qui était d’ailleurs au-dessus des forces d’un simple individu, et s’il a à la fin entièrement succombé.

Cependant Tonti qu’il avait été chargé de la garde du fort de Crèvecœur, travaillait à s’attacher les Illinois en parcourant leurs bourgades. Ayant appris que les Miâmis voulaient se joindre aux Iroquois pour les attaquer, il se hâta d’enseigner aux nouveaux alliés des Français l’usage des armes à feu pour les mettre