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DU CANADA.

Hurons, il partit pour la baie de Cha-gouïa-mi-gong, ou du St.-Esprit, à l’extrémité occidentale du lac, où le défaut de chasse et l’éloignement mettaient ces Sauvages à l’abri des atteintes des Iroquois ; mais tandis que son compagnon de voyage était occupé à leur canot, il entra dans le bois et ne reparut plus. Cet homme avait une grande réputation de sainteté parmi les Indiens, dans l’esprit desquels il avait su s’insinuer. Plusieurs années après l’on reconnut sa soutane et son bréviaire chez les Sioux, qui les conservaient comme des reliques et leur rendaient une espèce de culte. Les Sauvages avaient un respect superstitieux pour les livres qu’ils prenaient pour des esprits. Quatre ou cinq ans après la mort du P. Brébœuf et du P. Garnier, que les Iroquois avaient fait périr, un missionnaire trouva entre les mains de ces barbares qui les conservaient soigneusement un Testament et un livre de prières qui leur avaient appartenus.

Dès ce temps reculé les traitans et les missionnaires savaient déjà que l’Amérique septentrionale était séparée du vieux monde par la mer. La relation des Jésuites de 1650-1660 contient ces paroles : — « Au levant, au sud, au couchant et au nord, ce continent étant entouré d’eau, doit être séparé du Groenland par quelque trajet dont on a déjà découvert une