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DU CANADA.

dont les lumières et les talens devaient dissiper tout fanatisme crédule, tout sentiment d’obéissance aveugle et sans but. Ces hommes dont l’existence était toute intellectuelle, s’étaient donc fait une image bien parfaite des dogmes religieux et sociaux, puisqu’ils allaient si loin et enduraient tant de fatigues pour les répandre, sans en retirer aux yeux du monde des avantages équivalens pour eux-mêmes.

C’est ce dévouement héroïque et humble tout à la fois, qui a étonné le philosophe et conquis l’admiration des protestans, qui ont voulu aussi les imiter. C’est lui qui a inspiré de si belles pages à M. Bancroft, l’éloquent historien des colonies qui forment maintenant les États-Unis, à la noblesse des sentimens, et à l’impartialité duquel en ce qui touche le Canada, je me plais à rendre ici hommage. Écoutons ce qu’il dit des missionnaires infatigables de la Nouvelle-France : — « Trois ans après la seconde occupation de ce pays (1636), le nombre des Jésuites s’élevait dans la province à quinze ; et toutes les traditions rendent témoignage à leur mérite. Ils avaient les défauts qui dérivent d’une superstition ascétique ; mais ils supportaient les horreurs d’une vie canadienne dans le désert avec un courage passif invincible et une profonde tranquillité d’âme. Privé des choses qui rendent la vie agréable,